Sous la pluie
Ce matin, j’étais sous la pluie. Je la regardais tomber, j’étais en sweat à capuche, la capuche sur la tête et le regard perdu au loin. Je ne sais pas ce que je regarde, mais je vois au loin, un lièvre s’encourir, un merle s’envoler et la pluie tomber. Quelle agréable vue !
Mon corps est sous la pluie, mon sweat n’est pas très épais, la pluie va bientôt percer le tissus et je serais trempée de la tête aux pieds. Mais la pluie, à un moment s’arrêtera de tomber, si elle le veut bien. Comme le cite Bourriquet dans le célèbre dessin animé « Winnie l’ourson » : « The nicest thing about rain is that it always stops. Eventually. » Et comme Bourriquet, je reste sous la pluie car je me dois de lui tenir compagnie.
Je ne rentrerai pas de suite, je resterai sous la pluie. Car la pluie est symbole de solitude. Pour moi, cet élément naturel prend tous les mauvais évènements de la journée de chaque personne et les jette par terre. Certains jours, le déversement d’eau est plus violent que d’autres. Certainement car beaucoup de malheurs se sont produits et comme elle prend tout pour elle, son réservoir d’eau (nuage), se remplit, gonfle et finit par exploser et donc se vider. Et je trouve qu’il se remplit très vite, surtout en Belgique !
Je marche, par ce temps, et je vois les flaques d’eau se former petit à petit, dans chacun des creux rencontrés. Comme un enfant, je saute dans les flaques, l’eau m’éclabousse et je rigole, le temps d’un instant. J’étais déjà trempée, alors un peu plus ou un peu mois, que cela va-t-il changer ?
J’ai les pieds tous crus et lorsque je marche, le son est très bizarre. Mes chaussures vont finir dans la machine à laver, je le sens bien. Lorsque j’étais enfant, ma mère m’aurait engueulée : « Pourquoi t’as pas mis tes bottes ? Regarde moi ça, tes chaussures d’école en plus ! » Aujourd’hui, c’est mon tour d’être adulte mais je m’en fou ! Je saute toujours autant dans les flaques. Je crois que je ne suis pas prête.
Lors de cette marche en mode « flic-floc », je croise de magnifiques fleurs. Elles se tournent vers le soleil et essaient de puiser tout le bon qui leur est envoyé. Et si elles reçoivent trop de « bon », elles meurent, toutes desséchées par le soleil. Elles doivent aussi recevoir du « mauvais » donc, de la pluie. Les 2 doivent se combiner pour apporter la meilleure des conditions de vie aux fleurs, aux plantes, à toutes les cultures, à toute vie animale et bien sûr humaine.
Avez-vous déjà vu les oiseaux se laver dans une flaque lorsqu’il pleut ? On dirait qu’ils se régalent, que c’est le plus beau jour de leur vie. Et le chien qui se roule dans le jardin tout humide, juste avant de venir se frotter contre la porte d’entrée en quémandant de pouvoir rentrer. Les animaux font avec la pluie, ils vivent en toute connaissance de cause, elle existe, elle tombe un peu quand elle veut et ils s’en réjouissent et en profitent dès qu’ils le peuvent.
Tandis que l’humain court se mettre à l’abri ou se protège absolument les cheveux avec un journal, un magazine, ce qu’il a sous la main, pour éviter d’être trempé.
« Après la pluie vient le beau temps », proverbe que j’ai souvent entendu et qui peut être pris au sens propre comme au sens figuré. Certains jours, après la pluie, se forme au-dessus de nos têtes, un magnifique arc-en-ciel. Est-ce un signe ? Est-ce que cela signifie que tout ira de nouveau pour le mieux ? Peut-être pendant un court moment. Mais il finira par pleuvoir encore et encore.
J’aime ces moments d’accalmie et je sais aussi en profiter, telle une fleur : me tourner face au soleil, faire le plein de vitamines, bronzer. Mais j’ai aussi besoin d’eau ! Sinon, dans quoi sauterais je à pieds joints ? Telle un magnifique tournesol, je me nourris autant de la pluie que du soleil, je fais avec ce que je reçois. J’essaie donc de tirer le meilleur de chaque situation et de me réjouir du temps, quel qu’il soit. Pluie et vent ou soleil et ciel bleu, je vous attends, sans parapluie, ni casquette !
En train d’écrire, je regarde par la fenêtre lors d’un court moment d’absence, et je remarque qu’il pleut. Je suis encore en sweat à capuche, j’ai ici déversé le fond de mes pensées. Il est temps pour moi d’aller dehors. Peut-être croiserais je mon chat en quête de croquettes et de caresses ? Ce qui est sûr, c’est que je croiserai des flaques sur mon chemin. Les mauvais moments de ma journée réunis dans un creux, je sauterai à pieds joints dessus pour les exploser, me venger, les faire disparaître le temps d’un instant.
Etant enfant, je ne voyais rien comme signification dans les flaques d’eau. Maintenant que je me suis forgée ma propre idée concernant celles-ci, je file chercher mes bottes. Parce que bien sûr que oui, maman a toujours raison : il faut garder les belles chaussures pour aller à l’école, euh… au travail.